SCHIAVE BIANCHE. VIOLENZIA IN AMAZZONIA

Comme beaucoup de rйalisateurs transalpin, la carriиre de Mario Gariazzo a йtй, en grande partie, ballottйe au grй des gros succиs du cinйma anglo-saxon. LA FUREUR D'UN FLIC arrive deux ans aprиs L'INSPECTEUR HARRY. LA POSSEDEE (titre vidйo) une annйe aprиs L'EXORCISTE . et on peut faire le mкme rapprochement entre LA QUATRIEME RENCONTRE et RENCONTRES DU TROISIEME TYPE . Aprиs l'йvйnement cinйmatographique qu'a constituй LA FORET D'EMERAUDE. filmй au Brйsil par John Boorman. Gariazzo remet donc le couvert pour un film d'aventures exotiques se dйroulant en Amйrique du sud. Mais ici, les moyens ne sont pas les mкmes, et le rфle principale est tenu par Elvire Audrey. dont les йtats de service йtaient alors modestes. Dans le cadre du cinйma populaire italien, ses seules apparitions importantes ont йtй CRIME AU CIMETIERE ETRUSQUE de Sergio Martino et IRONMASTER, LA GUERRE DU FER d'Umberto Lenzi.

Catherine Miles vit aujourd'hui bourgeoisement а Londres, oщ elle est mariйe а une architecte. Qui pourrait croire, en la croisant, que, adolescente, elle a vйcu une tragйdie inouпe. Alors qu'elle a toujours tenu а garder le silence, elle accepte enfin de parler de son aventure а un journaliste. L'ESCLAVE BLONDE nous relate donc l'histoire vraie de cette femme, qui, le jour de ses dix-huit ans, a vu ses deux parents assassinйs par une tribu d'indiens d'Amazonie, lesquels l'ont ensuite enlevйe et forcйe а partager leur vie. Au terme de cette expйrience, Catherine Miles en est arrivйe а se demander si ceux qui se font passer pour des peuples "civilisйs" ne sont pas les vrais barbares…

Au milieu des annйes quatre-vingts, la vague italienne des films de cannibales gore, qui avait culminй au dйbut de la dйcennie avec CANNIBAL HOLOCAUST et CANNIBAL FEROX . semble avoir fait son temps. Alors que les sous-Conan et les sous-Mad Max se sont multipliйs, l'aventure exotico-horrifique se rarйfie, et cherche de nouveaux modиles. PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES louche vers A LA POURSUITE DU DIAMANT VERT. par exemple. L'ESCLAVE BLONDE йvoque, comme on l'a dйjа dit, LA FORET D'EMERAUDE. dans lequel un jeune garзon occidental est kidnappй par une tribu d'indiens, qui l'adopte et l'йlиve. Ici, Catherine Miles est une adolescente blonde enlevйe par les amazoniens avec lesquels des liens vont se crйer. Toutefois, plutфt que de trop se rapprocher du film de Boorman. on choisit une vieille formule ayant dйjа fait ses preuves, а savoir celle de l'occidental isolй qui doit partager, malgrй lui, la vie d'une troupe de "primitifs" (AU PAYS DE L'EXORCISME de Lenzi. LE DERNIER MONDE CANNIBALE …).

Bien que parcourant un chemin bien balisй, L'ESCLAVE BLONDE progresse laborieusement. Les sйquences d'horreur gore, relativement rares, sont mal amenйes, et handicapйes par des maquillages maladroits. Le rythme se fait languide, tandis qu'on se perd dans une ethnologie de bazar (observations de rituels initiatiques…), prйtexte а accumuler un maximum de sйvices et de dйtails croustillants. Le spectateur, qui a dйjа vu tout cela dans d'autres њuvres moins maladroites, perd patience.

L'ESCLAVE BLONDE trouve ses marques а partir du moment oщ Catherine s'insиre dans la vie de la tribu, et commence а vivre une romance contrariйe avec Umukai, le beau guerrier. Dиs lors, le film adopte un ton mкlant une grande candeur а la plus extrкme roublardise (toutes les tentatives de nous faire croire que le rйcit se base sur une histoire vraie, le pompon allant aux images de la "vraie" Catherine, "enregistrйe pendant sa captivitй"). L'ESCLAVE BLONDE tourne alors а un mйlange de film d'aventures et de roman-photo, sur fond de superbes paysages amazoniens. Assumй avec un premier degrй imperturbable, ce cocktail aboutit а un rйsultat d'autant plus attachant que tout le travail de reconstitution de la vie des indiens recourt а une stylisation aussi artificielle que naпvement charmante.

Certes, il est facile d'йnumйrer les faiblesses de L'ESCLAVE BLONDE. emploi patent de stock-shots, rйpliques involontairement drфles, moyens limitйs (mais il semble bien que le tournage ait eu lieu dans une rйgion raisonnablement tropical)… Pourtant, ce divertissement sans prйtention s'avиre plutфt rйussi, voire йmouvant dans la description de sa romance trиs "fleur bleue". Comment ne pas кtre йmu par les larmes de Catherine Miles lorsque, dans le confort urbain de Londres, elle repense а son beau guerrier d'Amazonie, son premier et seul grand amour.

L'ESCLAVE BLONDE. qui a eu droit, en son temps, а une sortie en salles en France, a dйjа йtй publiй en DVD en Europe, notamment par l'йditeur hollandais Italian Shock dans une йdition dйjа testйe sur DeVil Dead. Il arrive en France dans la collection "Cannibales Anthologie" (mкme si le cannibalisme n'y tient qu'une part assez rйduite) de Neo Publishing, sous un titre rallongй. AMAZONIA, L'ESCLAVE BLONDE.

Le film est proposй dans une trиs belle copie dans un format panoramique 1.77. On repиre quelques saletйs et rayures, tandis que les йcarts de qualitй et de granulation entre les plans (stock shots, problиmes de raccords lumiиres…) ne passent pas inaperзus (mais ce sont des dйfauts d'origine). A cфtй de cela, le rйsultat est vraiment superbe, avec notamment une gestion des couleurs et des lumiиres vraiment magnifique ainsi qu'une compression la plupart du temps indйcelable, mкme dans certains plans trиs sombres. C'est du trиs beau travail, qui йcrase sans problиme le DVD hollandais (plein йcran sans les caches du format panoramique, avec lйger recadrage) dont l'image semblait aussi fade que surexposйe.